Type de texte | source |
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Titre | « Sur l’Hermaphrodite », conférence lue le 2 décembre 1758 à l’Académie royale de peinture et de sculpture |
Auteurs | Caylus, Anne-Claude Philippe de Tubières, comte de |
Date de rédaction | 1758/12/02 |
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Date d'édition moderne ou de réédition | |
Editeur moderne | Lichtenstein, Jacqueline; Michel, Christian |
Date de reprint |
, p. 548
La difficulté de reporter le choix des différentes parties sur un tout est, en quelque façon, expliquée, quand on pense à l’opération de Zeuxis, quoique plus grossière et plus facile. Pline nous apprend que les Agrigentins donnèrent cinq filles à ce grand artiste, pour dessiner la Junon Lucinienne qu’ils voulaient faire peindre. Il faut convenir que Zeuxis trouva moins de difficulté dans le choix qu’il avait à faire ; les filles qu’il eut pour modèles étaient du même âge et lui présentaient la seule nature qu’il devait exprimer. Il est aisé de sentir que l’artiste qui a voulu représenter Salmacis a dû surmonter un plus grand nombre d’obstacles, et cet exemple prouve qu’il ne suffit pas, pour être un grand homme dans les arts, d’être le fidèle imitateur de la nature : il faut que le génie agisse, et que, pour ainsi dire, il soit créateur, mais avec sagesse et sans écart. Pour arriver à cette profondeur de l’art, il est nécessaire d’avoir vu la nature sans discontinuation. Elle doit être si familière, et l’étude de ses beautés si méditée, qu’il soit possible de n’en pas être ébloui. Ces préparations sont indispensables pour corriger la nature, mais toujours par elle-même, en se rappelant l’exemple d’une plus belle partie, pour la rejoindre à celle dont on a été satisfait. Ce n’est qu’en prenant un pareil essor qu’un artiste s’élève au-dessus du vulgaire.
Dans :Zeuxis, Hélène et les cinq vierges de Crotone(Lien)